Les virus

 Introduction :

Les maladies virales sont connues depuis l’Antiquité ( Ernan Cortes et la main de Dieu, variole ) mais leurs agents, les virus, sont restés inconnus durant très longtemps. La raison : une taille extrêmement petite, une structure rudimentaire et des cycles de multiplication très sophistiqués.

Eucaryotes : un noyau bien délimité, structure très complexe

Procaryotes : Structure plus simple, un appareil nucléaire diffus, non délimité par une membrane

Virus : structure totalement singulière : aucun organites, non vivant, parasites absolus.

 

 2 – Caractéristiques structurales des virus :

21 – Les éléments de leur structure :

De très petite taille, les virus sont toujours constitués d’un seul type d’acide nucléique et de protéines assemblées de façon complexe et parfois une enveloppe phospholipidique (pas de membrane) :

 

211 – Leur taille :

Elle varie de 10 nm à 400 nm pour les plus gros (Poxvirus : variole)

(10 nm = ribosome)

(400 nm = très petite bactérie)

 

212 – L’acide nucléique ou génome viral :

C’est un filament d’acide nucléique (ADN ou ARN), stabilisé par des protéines de structure type histone. Il existe une très grande diversité de génomes viraux : ADN et ARN simple brin, double brin, linéaire, circulaire, segmenté etc.

Remarque :

L’ARN peut avoir une orientation positive ARN (+) : brin codant identique à un ARN messager donc traduit directement en protéines.

ARN (+)à Protéine

L’ARN peut avoir une orientation négative : l’ARN est alors complémentaire de l’ARN messager. L’ARN (-) doit d’abord être répliqué en ARN (+) lors de l’expression génétique.

ARN (-)à ARN (+)à Protéine

 

213 – Les protéines capsidiales :

L’acide nucléique viral est protégé par une coque rigide formée de protéines : la capside

La capside est constituée d’unités protéiques identiques entre elles : les capsomères.

Les capsomères sont eux mêmes formés d’une ou de plusieurs sous unités protéiques liées de façon non covalente : les protomères.

Les capsomères ne s’associent que selon deux types de symétrie :

         - symétrie hélicoïdale

         - symétrie cubique

L’association : acide nucléique + capside = nucléocapside  

 

214 – L’enveloppe ou « peplos » :

Bicouche phospholipidique, vestige de la cellule infectée, dans laquelle on retrouve des protéines et des glycoprotéines codées par le génome viral.

Elle joue aussi un rôle dans la reconnaissance par les cellules lors de la fixation et la libération des virions.

Cette enveloppe, inconstante chez les virus, possède des propriétés antigéniques importantes.

 

215 – Les autres protéines :

Il est possible de trouver dans la particule virale d’autres protéines de structure ou des enzymes.

Ces enzymes joueront un rôle fondamental lors des premières étapes du cycle infectieux.

Ex : Transcriptase  permet le passage suivant ARN (-)  à  ARN (+)

       Reverse Transcriptase (RT) permet le passage suivant : ARN  à  ADN !!

 

22 – Aperçu de la diversité des structures virales :

Suivant la structure de la capside, on distingue 3 types de symétrie :

 

221 – Les virus a symétrie cubique :

 

2211 – Les virus nus à symétrie cubique :

La structure de ces virus dérive de l’icosaèdre : 20 faces (chaque face est représenté par un triangle équilatéral), 12 sommets, 30 arêtes

La capside est constituée de capsomères eux-mêmes constitués de sous unités protomères :

         - si le capsomère comporte six protomères : hexons , ils sont disposés sur les faces

         - si le capsomères comporte 5 protomères : pentons , ils sont sur les sommets

Chez certains virus, les pentons portent des spicules impliqués dans l’attachement virus - cellules cibles.

 

 

Analyse du document 1A :

1 : protomère

2 : capsomère hexon

3 : capsomère penton

4 : capside

5 : spicule

 

2212 – Les virus enveloppés à symétrie cubique :

Analyse du document 1B :

 

 

222 - Structure des virus à symétrie hélicoïdale

2221 – Les virus nus à symétrie hélicoïdale :

Analyse du document 1C :

Exemple : Le VMT (Virus de la Mosaïque du Tabac)

 

ARN monocaténaire (+), enroulé en hélice

capsoméres tous identiques (2130)

nucléocapside cylindrique avec un espace libre au centre

 

2222 Les virus enveloppés à symétrie hélicoïdale :

Analyse du document 1D :

Exemple : virus de la grippe (famille orthomyxoviridae)

 

ARN fragmenté et entouré de protéines : nucléocapside hélicoïdale flexible (polymérase associée)

Protéine M tapisse la face interne de l’enveloppe (protéine de structure)

Peplos (d’origine cellulaire) dans lequel sont ancrées 2 types de spicules :

* Neuraminidase : permet d’atteindre les cellules cibles en hydrolysant l’acide sialique des mucoprotéines protégeant l’épithélium respiratoire.

* Hémagglutinines : permettent la reconnaissance et la pénétration intracellulaire, fixation du virus au globule rouge => hémagglutination

 

223 – Les virus à symétrie mixte (ou complexes)

Analyse du document 1E :

Exemple du bactériophage T4 infectant E.coli

Tête : capside à symétrie cubique protégeant un ADN bicaténaire

Queue : gaine contractile hélicoïdale

Spicules : impliqués dans le phénomène d’adhésion à la bactérie

Crochets de la queue

 

3 – La classification des virus :

La classification des virus reste beaucoup moins satisfaisante que celle des bactéries.

 

31 - Les différents systèmes de classification :

311 – La classification universelle LHT :

LHT (LWOFF, HORNE, TOURNIER) vers 1960.

Cette classification est remise à jour très régulièrement par le comité international de taxonomie viral (CITV – internet )

La classification des virus se fait selon 6 critères :

  1) La nature de l’acide nucléique : virus à ARN ou ADN

  2) Le type de symétrie de la nucléocapside (cubique, hélicoïdal)

  3) L’absence ou la présence d’une enveloppe (virus nus ou virus enveloppés)

Ces trois critères permettent de définir la famille  => - viridae

  4) Le nombre de capsomères dans le cas de virus à symétrie cubique ou diamètre de la nucléocapside dans le cas d’un virus à symétrie hélicoïdale

  5) Caractéristique du génome (masse moléculaire de l’acide nucléique, fragmentation, linéarité, circularité ...), provenance de l’enveloppe (membrane cytoplasmique cellulaire ou membrane nucléaire cellulaire. On définit là le groupe ou le genre.

  6) Différents sérotypes, pouvoir pathogène, épidémiologie etc.

On définit alors l’espèce ou la sous espèce.

Analyse du document 2 A et B

 

312 – La classification épidémiologique

Non officielle mais couramment utilisée par les cliniciens. Cette classification est basée sur le type d’hôte, les effets pathologiques, les modes de transmission....

Exemples :

            - virus entérique

            - virus respiratoire

            - virus oncogène => tumeurs chez hôte

 

32    - Règles de nomenclature des virus :

On classe en  :

     * Famille => commence par une majuscule + suffixe “viridae

     * Genre => commencent par une majuscule et finit par “virus

     * espèce => minuscule

Remarque : De nombreux virus sont nommés sous forme d’acronymes : VZV, HBV, VIH en français etc.

 

4 – La multiplication virale :

Du fait de leur parasitisme absolu les virus ne peuvent se multiplier qu’au sein d’une cellule hôte. Il est donc nécessaire qu’il y ait interactions virus – cellules.

Cependant, pour qu’il y ait multiplication virale, il faut :

- Un virus complet et fonctionnel

- Une cellule compétente : c'est-à-dire capable d’assurer la totalité des étapes du cycle viral

 

41 – Définition :

La multiplication virale regroupe tous les évènements qui vont de l’adsorption du virus sur la cellule cible jusqu'à la libération des nouveaux virus.

 

42 – Les grandes étapes du cycle de multiplication :

421 – l’absorption :

Cette étape, obligatoire pour qu’il y ait infection, consiste en une interaction entre les protéines virales de surface et des récepteurs cellulaires spécifiques. Cette reconnaissance de récepteurs cellulaires explique pourquoi certain virus sont spécifiques d’espèces et de cellules.

 

422 – La pénétration et la décapsidation :

Suite à l’adsorption, on assiste à la pénétration du virus dans la cellule soit par une vacuole d’endocytose soit par fusion de l’enveloppe virale avec la membrane cellulaire. La nucléocapside libère ensuite l’acide nucléique : c’est la décapsidation. Il n’y a aucun signes visibles de l’infection virale

 

423 – La phase de réplication :

On assiste :

- à la réplication du génome viral

- à l’expression des gènes viraux et à la synthèse des protéines virales

- à l’assemblage des protéines de la capside

Ces étapes sont très différentes en fonction des virus.

 

424 – La maturation et la sortie des virus :

Les génomes viraux sont encapsidés et les nouveaux virus sont libérés soit par lyse de la cellule hôte pour les virus nus soit par bourgeonnement pour les virus enveloppés.

 

43 – Exemples de cycles de multiplication virale :

431 – Les virus à ADN :

DOC 3A Exemple : Virus de l’herpes, ADN double brin linéaire, symétrie cubique, enveloppé, il infecte les neurones sensitifs de la peau.

Après adsorption, fusion enveloppe - membrane cytoplasmique, pénétration puis décapsidation, l’ADN viral parvient dans le noyau et commande la synthèse de protéines virales précoces. Une ADN polymérase virale réplique alors le génome un grand nombre de fois. La transcription de ces nombreux génomes viraux donne naissance aux ARNm tardifs puis après traduction aux protéines capsidiales. L’encapsidation peut avoir lieu, l’enveloppe virale est formée au détriment de l’enveloppe nucléaire et enfin les virus sortent de la cellule par de RER et l’appareil de Golgi.

 

432 – Les virus à ARN (+) :

DOC 3B Exemple : poliovirus, ARN + donc messager, nu, cible les motoneurones.

Adsorption du virus et reconnaissance de récepteurs membranaires de surface. Pénétration par une vésicule de pinocytose puis décapsidation dans le cytoplasme. L’ARN + viral va subir ensuite deux étapes :

- Traduction cellulaire par les ribosomes et obtention d’une ARN polymérase

- Réplication de l’ARN + en nombreux ARN -.

Ces ARN – sont ensuite répliqués grâce à l’ARN polymérase en très nombreux ARN+. Les nouveaux ARN+ sont traduits en protéines capsidiales puis encapsidés. La cellule libère les nouveaux virus lorsqu’elle éclate.  

 

433 – Les rétrovirus :

L’ARN + des rétrovirus n’est jamais utilisé comme ARN messager mais retrotranscrit en ADN. Cet ADN s’intègre ensuite dans le génome de la cellule hôte sous la forme d’un provirus. Les gènes viraux seront ensuite transcrits comme des gènes cellulaires « normaux ».

DOC 3D première partie

REMARQUE importante :

La cellule infectée a été TRANSFORMEE par l'ADN viral (Cf Griffith). Celle cellule à 3 devenirs possibles :

-       Elle peut produire de nouveaux virions qui iront infecter d'autres cellules

-       Elle se multiplie, réplique son ADN ainsi que le provirus et le transmet donc à la descendance

-       Elle peut devenir cancéreuse : en s'intégrant dans l'ADN, le provirus dérègle les gènes du contrôle cellulaire d’où prolifération anarchique de cellules infectées. On parle de virus oncogènes (Ex HTLV1 et leucémies)

 

DOC 3D première partie

Exemple : Virus VIH, ARN + mais non messager, enveloppé, ciblant les Lymphocytes T CD4+.

Après adhésion des glycoprotéines virales aux récepteurs CD4 des lymphocytes T, le virus pénètre par endocytose. L’ARN + est décapsidé, puis retrotranscrit en ADN simple brin grâce à la reverse transcriptase apporté par le virus. Une ADN polymérase cellulaire complète le brin d’ADN manquant et le double brin s’intègre dans l’ADN cellulaire. Le provirus est alors transcrit comme un gène cellulaire. Certains ARNm seront traduit en protéines virales (dont les GP 120) et d’autres seront encapsidés. Les nouveaux virus sortent par bourgeonnement, emportant une partie de la membrane cytoplasmique.

 

434 – Les bactériophages :

Exemple : Bactériophage T4, d’E coli, ADN ds, symétrie mixte.

Les bactériophages sont des virus qui infectent les bactéries DOC 3E 1ere partie.

Ces bactériophages ont deux cycles de multiplication : DOC 3E 2eme partie

- Cycle lytique : multiplication virale

- Cycle lysogénique : intégration sous la forme de prophage

Applications : vin, biologie moléculaire.

 

5 – Le pouvoir pathogène des principaux virus humains :

Cf DOC : Il faut être capable d'associer Nom virus àmaladie

 

Conclusion :

D’où proviennent les virus, comment sont ils apparus ?. Deux hypothèses :

-         Les virus les plus sophistiqués proviendraient d’une évolution rétrograde au cours de laquelle des cellules parasites se seraient simplifiées au point de devenir totalement dépendantes de leur hôte. Théorie corroborée par les Mycoplasmes et les Rickettsies.

-         Il pourrait s’agir d’acides nucléiques devenus indépendants en ayant acquis la faculté de former des particules nucléoprotéiques et de s’envelopper.